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Bienvenu(e)s sur ce blog dédié aux mythes, contes et légendes classiques mais aussi à la fantasy et à la science-fiction (notamment contes de SF et suites futuristes de légendes, dans mon livre "Les mémoires du Galaxytime").

Le chant des sirènes

 

 Les antiques sirènes de la mythologie greco-romaine ne sont pas des femmes-poissons. C’est le moyen-âge chrétien qui nomma « sirènes » des créatures ressemblant  physiquement aux néréides (mon article sur les néréides ici http://www.benoitreveur.info/article-les-nereides-118497905.html ). Du moins les textes médiévaux francophones écrivent » sirène » pour les deux créatures, en revanche les textes anglophones écrivent » siren » pour celle antique et « mermaid » pour la créature médiévale à corps de néréide. Cet article traitera uniquement des sirènes de la mythologie grecque et romaine.

Les sirènes des mythes grecs et latins

Les auteurs grecs anciens rapportent que ces sirènes étaient des femmes oiseaux jouant de la musique et chantant sur des côtes rocheuses.

Elles seraient au nombre de trois, leurs noms varient selon les versions , mais souvent elles répondent aux noms suivants : Parténope, Leucosia et Lygia. Toutefois pour Homère il y avait seulement deux sirènes, et chez d’autres auteurs les sirènes seraient au nombre de 4. (Leurs noms varient selon les versions). 

Certains les décrivent comme de gros oiseaux à tête de femme, d’autres comme ayant un buste de femme et un corps/tronc d’oiseau à la place des jambes. Elles possédaient des instruments de musique : deux flûtes pour l’une, une lyre pour l’autre, un pipeau pour la dernière.  Les marins charmés par leurs chants et leur musique finissaient inéluctablement par périr soit en fracassant leur bateau contre les récifs soit en dépérissant par inactivité générale (l’homme charmé par ce chant cessait alors toute activité, ne continuait pas de d’hydrater et de s’alimenter, ne pensant désormais à rien d’autre qu’à écouter sans fin ce chant des sirènes, etc , ce laisser aller finissait donc par le faire mourir).

Le rivage voisin était blanchi par les nombreux ossements des innombrables marins qui avaient péri à cause du chant des sirènes. Il semblerait que certains centaures aient également fait partie des défuntes victimes des sirènes.
Les sirènes étaient trois sœurs vierges séductrices.

Le chant des sirènes n’est pas uniquement pernicieux, il est également censé apaiser les vents.

La localisation des rochers des sirènes varie plus ou moins selon les versions, mais les auteurs les situent souvent en Italie sur les côtes de Sorrente et de Capri. Il existait d’ailleurs à Sorrente un temple dédié aux sirènes (puisque leur chant pouvait plus ou moins apaiser des tempêtes). D’autres pensent que les sirènes vivaient sur l’île nommée Anthémoessa (supposée près de Messine).Le chant des sirènes était aussi censé adoucir la mort des humains, certains faisaient donc des offrandes aux sirènes.

Origines de ces sirènes

Les auteurs antiques nous ont rapporté des versions différentes concernant les débuts des sirènes.

Elles seraient filles du Dieu Fleuve Achelous (mon article sur Achelous icihttp://www.benoitreveur.info/article-36240388.html ) et de la muse Calliope. D’autres les font filles de Terpsichore, Melpomène ou Phorcys (mon article sur Phorcys ici  http://www.benoitreveur.info/article-phorcys-105014253.html ).

Bien souvent elles devinrent sirènes après la capture de Proserpine/Perséphone. 
Selon certains, les sirènes (encore femmes) se rendirent en Sicile (terre d’Appolon) lors de l’enlèvement de Proserpine/Perséphone . Elles ne sauvèrent pas Proserpine, donc Cérès les châtia en les transformant en femmes oiseaux. Ovide en revanche conte que ce seraient les sirènes elles-mêmes qui auraient demandé aux dieux d’avoir des ailes afin de retrouver et délivrer Proserpine. Selon d’autres versions, plus rares, les sirènes seraient devenues créatures ailées car punies par Aphrodite de vouloir rester vierges (donc l’oracle qui  oblige les sirènes  à séduire les marins qui passent s’inscrit très bien dans cette version d’une punition voulue par Aphrodite).

Quelques survivants du chant des sirènes

Toutefois certains personnages ayant croisé les sirènes en sont sortis vivants.

Le plus connu reste bien entendu Ulysse : Circé la magicienne  (article ici http://www.benoitreveur.info/article--circe-la-magicienne-40931902.html) l’avait averti du danger que représentent les sirènes. Ulysse a donc ordonné à ses compagnons de l’attacher au mât du navire pendant qu’eux auraient les oreilles bouchées par de la cire, il leur dit de ne surtout pas le détacher si d’aventure il en venait , charmé par les sirènes, à supplier ses compagnons de le détacher du mât. La rencontre se passa comme Ulysse l’avait prévu : Ulysse attaché au mât et charmé par le chant des sirènes, suppliait ses compagnons de le détacher, mais ces derniers ne le firent pas puisque leurs oreilles étaient bouchées par de la cire. Les sirènes semblent n’avoir utilisé que leur voix , leurs instruments de musique ayant déjà été perdus lors de la rencontre avec Orphée. Ulysse sortit donc vivant du sillage des sirènes, ces dernières périrent donc noyées dans la mer comme l’avait prédit l’oracle. Les îles rocheuses ou vivaient les sirènes furent ensuite nommées « Sirénuses ». La  ville proche de l’endroit où périt la sirène Parthénopée/Parténope reçut le nom de cette créature : d’abord « Néapolis » puis le nom devint Naples. Parthénopée y faisait l’objet d’un culte.

Orphée prit part à l’épopée du navire Argos (avec le célèbre Jason). A leur retour de Colchide, les argonautes passèrent à proximité des rochers des sirènes, Orphée se tint debout sur le pont du bateau.  Le son de la lyre d’Orphée couvrit le chant des sirènes, ces habituelles charmeuses se retrouvaient charmées, sans voix et presque pétrifiées de stupeur par la superbe musique que jouait Orphée.  Ainsi les argonautes purent passer tranquillement et échapper au dangereux chant des sirènes. L’oracle leur avait dit qu’elles vivraient tant que les voyageurs prêteraient attention à leur chant et musique…. Cet échec de leurs séduction face à Orphée et aux argonautes les dépita au point qu’elles jetèrent leurs instruments de musique dans la mer. Toutefois un homme de l’équipage nommé Butès succomba au charme des sirènes, il plongea dans la mer pour aller les rejoindre, mais il fut finalement sauvé par Aphrodite.

Pausanias conte une autre histoire dans laquelle les sirènes furent mises en échec : elles perdirent un concours de chant face aux muses, ces dernières se mirent à tirer sur leurs ailes pour leur prendre leur plumes. Les muses eurent ainsi la tête couronnée de plumes.

Il existe peut-être d’autres éléments sur les sirènes mythologiques, mais voilà en gros ce que j’ai pu rassembler.

(Bibliographie : le dictionnaire de Mythologie grecque et romaine de J Schmidt, le nouveau Larousse de mythologie grecque et romaine de JC Belfiore, « Mythologie grecque et romaine » de Commelin)

Explications du mythe ?

Commelin explique que les trois prénoms des sirènes renvoient à des idées de candeur et de beauté. Il explique aussi que le chant des sirènes est probablement en fait un phénomène sonore que les marins et pécheurs entendraient non loin des récifs : il s’agirait du bruit des oiseaux et de la mer amplifié ou modifié par la distance.

Selon Hervé Bentata, (son texte est disponible ici http://www.freud-lacan.com/Champs_specialises/Psychanalyse_Enfant_Adolescent/Pulsion_invocante_et_chant_des_Sirenes) l’épisode du chant des sirènes correspondrait au début de la définition ou prise de conscience de l’identité/personnalité d’Ulysse : auparavant Ulysse face au cyclope se nommait « personne » et une fois dans le sillage des sirènes ces dernières l’appellent par son nom en disant « Viens à nous Ulysse» ( tel est l’appel lancé par les sirènes dans l’Odyssée écrite par Homère).

Belfiore explique que les sirènes seraient trois car ce nombre correspondrait aux principaux plaisirs de l’homme : musique, vin et amour.

Voici mes hypothèses personnelles :

Les sirènes font miroiter a Ulysse plaisirs, repos et omniscience, Elles symbolisent évidemment la séduction et ses diverses formes. Elles touchent visiblement aux pulsions premières de l’être humain, (même du plus averti) : elles lui promettent plaisirs, le flattent, lui promettent de lui donner la possibilité de tout savoir. Je crois probable que les sirènes cherchent à caresser ainsi l’ego et les sens de leur futures victimes…. Il me semble possible qu’Ulysse voulait entendre le chant des sirènes en étant ligoté car il voulait vérifier à quel point il était encore sensible à telle ou telle séduction plus ou moins pernicieuse. De plus Ulysse cherchait le moyen de retourner à Ithaque, il n’était donc naturellement pas affranchi de son désir de « tout savoir ». Ulysse est un homme rusé, un homme d’intellect, mais son ingéniosité touche tout de même à ses limites face aux séductions des sirènes qui touchent directement le domaine émotionnel. Orphée et sa lyre parvient en revanche à couvrir le chant des sirènes, Orphée est un artiste , en matière de musique et de connaissance des affects humains il pouvait donc probablement être moins vulnérable aux redoutables moyens employés par les sirènes.  …. Il se peut également qu’Orphée n’a pas succombé aux sirènes car se situant probablement dans un certain degré de « détachement ». (Lors de l’épisode avec le narvire Argos, Orphée avait certes reçu dans sa jeunesse une éducation spirituelle poussée, mais il n’était pas pour autant complètement détaché de son impatience  puisque plus tard son envie de s’assurer qu’Eurydice le suivait à la sortie des enfers lui valut de perdre Eurydice à jamais).
Comme dans bien des situations impliquant une séduction/manipulation, la personne qui séduit/manipule a besoin de l’attention que peut lui prêter sa victime/proie. Il se peut que les sirènes symbolisent les personnes qui versent dans la séduction/manipulation car ayant besoin d’attirer l’attention sur elles. (Ce besoin qu’on leur prête attention peut d’autant plus s’expliquer que les sirènes ont été dévalorisées dans divers épisodes de leur vie). Je crois qu’en cela les sirènes symbolisent ce qu’en termes moderne on dénomme les personnes « dévoreuses/phagocyteuses d’attention ».

Il se peut que cela soit de la psycho de comptoir mais voilà en gros mes hypothèses personnelles actuelles sur ce mythe.

Les sirènes du 31ème siècle

L’épisode 13 d’ »Ulysse 31 » revisite le mythe des sirènes à la sauce science-fiction.

Ulysse trouve un cadavre d’astronaute tenant en main une carte électronique faisant miroiter que sur la planète Sirena l’île des sirènes comporte un trésor (qui lui permettrait de connaître tout l’univers inconnu qu’il parcourt et il pourrait ainsi retrouver le chemin de sa planète d’origine). Ulysse se rend sur cette planète, ces sirènes du 31ème siècle sont des femmes poisson qui brandissent des tridents après avoir fait miroiter à Ulysse repos et volupté.

 

 

 

 

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