Bienvenu(e)s sur ce blog dédié aux mythes, contes et légendes classiques mais aussi à la fantasy et à la science-fiction (notamment contes de SF et suites futuristes de légendes, dans mon livre "Les mémoires du Galaxytime").
Tout le monde connaît Hercule/Héraklès : généralement considéré fils de Zeus et d’Alcmène, demi-dieu à la force physique phénoménale, rendu célèbre par les mythologies grecque et romaine. Ce Héros olympien occupa souvent le rôle principal dans de nombreux épisodes mythologiques divers (par exemple Hercule contre Cacus http://www.benoitreveur.info/article-cacus-97146271.html ). Les plus connus restent probablement les douze travaux. Certaines versions romaines d’Hercule, en divers points différentes du Héraclès grec , (cf note biblio 2 : ouvrage de RJ Thibaud) représentent toutefois Hercule avec une lyre et non une massue. Les hommes le vénéraient sous les noms de Victor ou même Hercule Invictus (c-a-d « le vainqueur, l’invincible »), renvoyant ainsi aux notions de victoire et d’invincibilité, tandis que les cultes non romains de ce fils de Zeus semblent porter un autre regard en relativisant les concepts de « force » et d’invulnérabilité.
Selon certains (cf notes 8 et 2) Hercule/Héraklès symboliserait l’humain civilisateur (notamment agriculture et élevage). Cela me fait également penser aux allusions à la transhumance et à l’irrigation présentes dans les épisodes mythiques d’Hercule. Catherine Salles (CF biblio ) écrit que le héros Hercule/Héraklès incarne les qualités et travers humains, la justice, la possibilité de gérer nos impulsions primitives et autres peurs (les monstres), l’orgueil, le goût des plaisirs corporels, mais aussi la sublimation de Thanatos.
Après l’exploit surprenant du nourrisson Héraclès tuant deux serpents/dragons venimeux à mains nues dans son berceau, le célèbre devin Tirésias prédit : Héraclès triomphera d’hommes et créatures redoutables ; il accédera à l’immortalité dans l’Olympe après avoir accompli les douze travaux.
Le dictionnaire mythologique de Belfiore (cf biblio) mentionne le fait que ce héros passa ses années d’enfance à Thèbes et suivit les meilleurs précepteurs : le centaure Chiron lui enseigna l’astronomie et la médecine. Castor (fils d’Hippalos) lui apprit l’escrime à cheval. Autolycos (ou Harpalycos de Phanotée ) lui fit pratiquer le pugilat. Il fut initié au tir à l’arc auprès de divers professeurs, etc… Selon certains, Orphée figurerait également dans cette longue liste des mentors du futur héros. Hercule/Héraklès reçut également une éducation en art de la lyre , mais se révéla peu doué en ce domaine. (Selon Catherine Salles, Harpalycos forma Héraklès en escrime et en lutte…..).
Lorsqu’il arriva à maturité, les divinités allégoriques Vice et Vertu se présentèrent à Hercule, toutes deux sous l’apparence de femmes. La femme Vice (nommé « Molesse » et « Volupté » dans la version de l’ouvrage de Commelin) lui promit d’infinis plaisirs et la réalisation de tous ses souhaits, sans aucune contrepartie, tandis que la femme Vertu lui garantit seulement de vivre dans la difficulté et de devoir tout acquérir au prix d’efforts, en précisant bien à Hercule/Héraclès que toute forme d’orgueil lui sera proscrite. Héraklès fit le choix de la Vertu. (Commelin précise que « Vertu » doit ici être abordée dans une acception de Valeur).
Edith Hamilton (cf biblio, semblant se fonder surtout sur les textes anciens d’Apollodore , Ovide et Théocrite) relate qu’Hercule possédait une grande confiance en lui en raison de sa grande force. Elle explique qu’il s’estimait comme l’égal des dieux. Il cultivait donc une haute (voire présomptueuse ?) image de lui-même.
Héraklès effectua ensuite ses premiers exploits : tuer le lion du mont Cithéron, coucher en peu de temps avec les cinquante filles du roi Thespios (qui souhaitait avoir cinquante petit-fils forts comme Hercule). Cela dura une nuit ou cinquante nuit d’affilée, selon les versions. (cf note 4). Peu de temps après, Hermès donna une épée au jeune Hercule qui reçut aussi un arc et un carquois de la part d’Appollon. Puis Héraklès/Hercule défendit victorieusement la ville de Thèbes contre une attaque de l’armée mynienne. Le jeune Hercule tua alors Erginos.
Héraklès fut ensuite amené à relever le défi des douze travaux.
Héra, jalouse des exploits d’Héraclès, l’envoûta. Tombant ainsi sous le coup de la folie, Héraclès/Hercule massacra sa famille et ses proches (son épouse Mégare y comprise, selon certaines versions). A la suite de ce carnage, la Pythie de l’oracle de Delphes donna à Héraclès une possibilité de se racheter : il devra se rendre à Tyrinthe et accomplir les dix travaux que lui indiquera Eurysthée. Deux autres travaux viendront ensuite s’ajouter à la liste (les pommes d’or et Cerbère). Le pacte était le suivant : si Héraklès/Hercule accomplit avec succès tous ces travaux et si douze années s’écoulent, il deviendra immortel.
Sources : le Larousse de mythologie greco-romaine de Belfiore, Commelin, dictionnaire de mythologie grecque et romaine de J Schmidt, ouvrage de mythologie de Catherine Salles, ouvrage d’Edith Hamilton (cf biblio en fin d’article).
Les douze travaux d’hercule, épisode 1 : le lion de Némée
Le lion de Némée avait pour parents Echidna et Typhon (ou selon d’autres versions Echidna et Orthros cf note 1). Ce fauve gigantesque semait la terreur en Argolide dans la vallée de Némée (cf note 3) ou selon d’autres dans une forêt voisine de Némée (cf note biblio 5). La tanière du monstre se trouvait dans une grotte à double entrée du mont Trétos (cf 4) De plus la léonine créature mangeait le bétail . Héraclès/Hercule alors âgé de seize ans (cf note 5) alla livrer un assaut contre cette créature.
Il obstrua d’abord une des deux ouvertures de l’antre du lion (cf note 4).
Hercule essaya d’abord d’occire la bête en lui lançant des flèches et en la frappant de sa massue. Mais toutes ces tentatives se transformèrent en « coup d’épée dans l’eau », Hercule/Héraclès ayant épuisé vainement toutes ses flèches et brisé sa massue contre la peau cuirassée du monstre qui continuait de lui faire face sans coup férir.
Heraklès réalisait que sa force surhumaine et ses armes ne lui permettraient pas de venir à bout de l’épiderme blindé du léonin monstrueux. Hercule/Héraklès choisit donc d’adopter une autre tactique . Ce fils de zeus se plaça sur l’arrière du monstre afin de se trouver hors de portée des griffes (cf note biblio 6) . Le jeune héros profita de cette opportunité pour effectuer une technique de strangulation (vraisemblablement apprise au contact d’Harpalycos). Cette « botte secrète » fit mouche
puisque le lion perdit la vie à la suite de cet étranglement. Le premier des douze travaux était accompli, le lion de Némée venant de subir un vrai coup de Jarnac.
Hercule se servit des griffes de l’animal défunt afin de le dépecer. Il enfila cette peau de fauve qui devint à la fois le vêtement et la protection d’Hercule/Héraclès.
Eurysthée prit peur en voyant la peau du défunt lion, cette dernière faisant l’objet de rumeurs d’invulnérabilité. Eurysthée demanda donc à Héraclès de n’exhiber ses trophées qu’à l’extérieur de l’enceinte de la ville. (cf notes biblio 4 et 7). Eurysthée redoubla alors de vigilance : il transmit désormais ses messages à Hercule via un intermédiaire et utilisa une énorme jarre très solide afin de s’y réfugier.
Cet épisode mythologique formerait le point d’origine des antiques jeux néméens. Il existerait un lien avec Molorchos : si Hercule revenait vivant et réussissait à tuer le lion de Némée, Molorchos renoncerait à sacrifier un animal. (cf 4).
Catherine Salles ajoute également que le fait de se revêtir de la peau du lion vaincu se retrouve aussi dans certaines versions de l’épisode du lion du mont Cithéron (il s’agit d’un des tous premiers exploits d’Hercule, situé entre la rencontre avec Vertu/Vice et ce qui amena Hercule à accomplir les douze travaux).
Les ouvrages de mythologie grecque et romaine (cf notes et biblio) relatent généralement ces « faits » concernant les débuts d’Hercule.
Ma tentative d’analyse
Hercule réalisa sans doute ce jour là qu’il ne parviendrait pas à s’en sortir dans certaines situations s’il se reposait uniquement sur sa force physique. Il choisit donc finalement d’utiliser la ruse tactique afin de venir à bout du lion de Némée.
Hercule commençait–il alors à se demander si face aux forces déchaînées de la nature il ne serait pas préférable de savoir se faire plutôt roseau que chêne ?
Dans quelle mesure l’humain peut il dompter et faire sienne la bête fauve qui est en lui ?
Lors de divers épisodes mythologiques, Hercule//Héraclès connut certaines formes d’échecs, de vulnérabilités et de difficultés lui faisant prendre conscience de ses propres limites.
La réaction et les recommandations d’Eurysthée, une fois ce premier exploit accompli, cherchent-elles à proposer toute une réflexion sur la jalousie, le tact et la modestie ?
Hercule avait beau être surhumain et représenter une « force virile » aux vraisemblables connotations phalliques, il n’empêche qu’il fut finalement mis au tapis par un stratagème de son épouse Déjanire (sur une suggestion du centaure Nessos voulant se venger d’Hercule). Mais cela est une autre histoire……
Hercule sera en proie a bien des tiraillements, sa quête de Vertu n’étant pas gagnée d’avance…
Il existe visiblement diverses autres choses cachées derrière ces premiers pas d’Hercule, mais il revient à chacun de chercher……
NB: bien entendu le Hercule romain est parfois différent du Héraklès grec, mais on donne souvent au héros grec Héraklès le nom d'Hercule (souvent assimilé au héros grec) afin d'être plus pratique dans le langage courant. Hercule, avec ses propres spécificités, est souvent présent dans la culture gallo-romaine.
Hercule et des légendes gauloises (golfe du lion mais pas seulement..)
Hercule n’est pas uniquement présent dans la mythologie : il influença aussi de nombreuses légendes en divers endroits. Il serait notamment à l’origine de la forme de la bouteille de Muscat de Frontignan (http://www.benoitreveur.info/article-quand-hercule-picolait-du-muscat-106560723.html). Il aurait également fondé la légendaire Alesia (cf « dictionnaire de mythologie et de symbolique romaine « par RJ Thibaud). La massue d’Hercule est l’emblème de la ville de Colmar. Le « golfe du lion « dans le Sud de la France doit son nom à la tunique formée du pelage du lion de Némée…. Voici ce que je crois avoir retenu de cette légende « gauloise/occitane » sur le « golfe du lion ». Hercule aurait probablement combattu les ligures , certaines pierres de la Crau en attesteraient ( cf dictionnaire de mythologie et de symbolique romaine de RJ Thibaud). On peut comparer cette légende de la Crau avec celle de géant de la Crau (cf http://www.benoitreveur.info/article-les-geants-de-la-crau-113710366.html) . Cette légende de la Crau est relatée par Maguelonne Toussaint Samat dans « légendes et récits de la Gaule et des gaulois » : après avoir vaincu un monstre local , Hercule voulut nettoyer sa tunique de lion souillée par le sang du monstre qu’il venait de vaincre. Il plongea donc sa tunique de lion dans l’eau de la Méditerranée. Depuis cet épisode on nomme cette région « golfe du lion ».
(NB : cet article ne prétend pas recenser toutes les traces d’Hercule dans les légendes de chaque région car il faudrait bien plus d’un seul article pour remplir cet objectif).
La terreur locale inspirée par cet antique lion de Nemée est elle du même tonneau que celle semée des siècles plus tard par la « bête du Gévaudan » ?
Certaines erreurs, omissions ou imprécisions peuvent être présentes dans cet article, mais voilà grosso modo l’état actuel de mes recherches sur le sujet.
Et si l’on imaginait le synopsis suivant ?
An 2807. Sur une planète Terre moribonde, dans une région autour d’une ancienne cité jadis nommé Nemea, un savant fou a donné vie à un lion redoutable, doté d’un exosquelette robot et d’une cuirasse de tungstène. Son Frankenstein léonin, concocté à partir d’un cadavre de lion mutant, sème la terreur parmi les personnes vivant encore dans les parages. Le logiciel de contrôle de la bestiole métallique ayant beugué, le monstre répand l’effroi après avoir tué quelques personnes avec son laser optique et sa bouche lance-flammes…Les acheteurs potentiels du lion cyborg ont donc fait monter les enchères dans un autre sens : 50000 dollars et la cuirasse du lion robot en guise de récompense pour qui saura mettre le lion hors d’état de nuire…..
Un homme se porte volontaire. Il s’agit d’un condamné à mort par la fédération intergalactique pour crimes commis sur Saturne après un coup de sang. Cet individu, né sur Jupiter, compte bien se racheter en aidant à la reconstruction des civilisations d’une planète Terre ravagée voici 50 ans par la troisième guerre atomique interplanétaire…
Article écrit par Benoit rêveur, 2014
Notes et biblio (pour la partie mythes et légendes de cet article) :
1) : Catherine Salles (dans « la mythologie grecque et romaine ») raconte que de par sa filiation le lion de Nemée était donc de la famille de Cerbère, de la sphinge de Thèbes, de la chimère et de l’hydre de Lerne).
2) d’après « Dictionnaire de mythologie et de symbolique romaine » (par RJ Thibaud)
3) d’après « Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine « (par J. Schmidt).
4) d’après Catherine Salles (dans « la mythologie grecque et romaine »)
5 d’après Commelin (dans « mythologie grecque et romaine »)
6 d’après JC Belfiore (dans « Grand dictionnaire de la mythologie grecque et romaine »)
7) d’après Edith Hamilton (dans « la mythologie, ses dieux, ses héros, ses légendes « )
8) d’après J Voisenet (dans « bêtes et hommes dans le monde médiéval »)
9) d’après Maguelonne Toussaint Samat (dans « légendes et récits de la Gaule et des gaulois »).
Heraklès strangulant le lion de Nemée