Bienvenu(e)s sur ce blog dédié aux mythes, contes et légendes classiques mais aussi à la fantasy et à la science-fiction (notamment contes de SF et suites futuristes de légendes, dans mon livre "Les mémoires du Galaxytime").
Dans le précédent sujet sur Janus (ici http://www.unblogreveur.net/article-31330930.html ) , il y a eu un intéressant commentaire de Shéliak traitant de la probable place que les oracles de Janus occupaient à Rome. Il me semble exister peu d’éléments documentés à ce sujet, et pourtant j’ai cherché dans mes bouquins et sur le net (mais le net ne m’a donné aucune information réellement pertinente). Mais je vais tenter d’aborder le sujet dans ma mesure du possible, avec la marge d’erreur que cela implique.
LES ORACLES OFFICIELS DE LA ROME ANTIQUE
Il semble qu’officiellement les romains , quand ils faisaient un sacrifice à une divinité quelconque, faisaient toujours au préalable un sacrifice à Janus. Il y avait à Rome de véritables institutions et écoles d’Etat pour les oracles.
Il est reconnu que les « livres sibyllins » constituent d’abondantes sources concernant la destinée que les oracles auraient voulu pour Rome.
Les sibylles étaient des prêtresses de Jupiter qui pratiquaient la divination. Comme tous les oracles, elles s’exprimaient de manière vague. (Au passage , ce « flou » jouait justement toujours en faveur de l’oracle, évidemment). Mais je suppose qu’elles s’exprimaient de façon particulièrement peu claire, puisque de nos jours , l’adjectif « sibyllin » désigne ironiquement quelque chose de pas clair et difficilement intelligible. J’ignore si oui ou non ces « livres sibyllins » (ouvrages célèbres que possédait Tarquin l’ancien) occupaient une place plus importante ou non que Janus en ce qui concerne les oracles de la ville de Rome.
Etant donné que Janus était également censé veiller sur les 4 saisons, je suppose que le culte de Janus présidait également aux prévisions fondées les constellations du zodiaque, des oracles zodiacaux existant à l’époque à Rome : la science des augures était fondée sur douze principes, conformément aux douze signes zodiacaux.
La sibylle (source web: http://faustula.free.fr/religion/Sibylle.jpg)
LES ORACLES A ROME
Il y avait dans l’antiquité deux types principaux de méthodes pour consulter les oracles.
Le premier se fiait aux signes externes à l’homme mais visibles, estimant que c’étaient des signes de la
volonté des dieux et du destin. Parmi ces signes externes il y avait, entre autres exemples : la direction d’envol et l’alimentation des oiseaux (augures), le sens du vent (augures), les organes des corps disséqués (aruspices), les lignes de la main, les directions de provenance du tonnerre et des éclairs (augures).
Le second type de méthode, plus irrationnel (et donc plus aléatoire), se fiait au facteurs internes à l’homme : vraisemblablement ses inclinations d’esprit, d’humeur (interprétations de rêves par exemple).
Parmi ces présages (qui étaient par définition « internes à l’homme ») on observait 7 types de signes : les paroles fortuites, les tréssaillements des parties du corps, les tintements d’oreille, les éternuements, les chutes fortuites, la rencontre de certaines personnes ou animaux, les noms et prénoms (donc que des choses aux origines assez inconscientes et irrationnelles/aléatoires sur lesquelles l’homme a pas ou peu de liberté de contrôle).
LA PART D’IRRATIONNEL / LA PRUDENCE DE JANUS
Ce me semble logique de ne pas ignorer cette composante irrationnelle et imprévisible.
On se souvient de Maitre Yoda dans « Star Wars » qui disait : « difficile à dire, en constant mouvement est l’avenir » -)
Je suppose qu’il en allait de même avec les oracles antiques, les peuples de l’antiquité n’ayant pas oublié cette part d’aléas imprévisibles malgré les oracles. Et je suppose que cette prudence là devait probablement être un des traits de la fameuse prudence attribuée à Janus, lui qui était censé veiller sur le passé et le futur. Je trouve d’ailleurs logique de tenir compte du passé pour tenter d’entrevoir un probable futur.
Il semble reconnu par tous ou presque que les quelques voyants les plus fiables (donc en virant les « charlatans » notoires), quelle que soit l’époque , disent toujours au gens que quelle que soit la prédiction, c’est les gens eux-mêmes qui d’une manière ou l’autre feront pencher la balance pour « décider », consciemment ou non, de ce qui aura vraiment lieu.
Je suppose que c’est pour ce type de raison que dans leurs oracles les romains se fiaient pas uniquement aux signes extérieurs mais également aux dispositions d’esprit de l’homme.
Janus
Bien entendu, comme le soulignait maître Yoda au cinéma , il est impossible toutefois de tout prévoir à coup sûr. Le coté incertain de l’avenir me semble constituer la part d’irrationnel, et je crois que même les légendes ne cherchaient pas à mystifier les gens à ce sujet ( puisque les légendes sont un mélange de mystification volontaire et de part de vérité).
Il est vrai que dans la mythologie grecque et romaine les prédictions d’oracle finissent toujours par avoir lieu, du moins dans les grandes lignes de ces prédictions forcément jamais cent pour cent précises. (En effet, prédiction très précise m’aurait semblé rimer avec charlatanisme ou pure fiction le jeudi soir à la télé pour se divertir).
Parmi les exemples les plus connus, je crois que l’histoire d’Oedipe illustre parfaitement cette idée : le lecteur et Oedipe savent dès le début qu’Oedipe va probablement tuer son père et épouser sa mère, mais on ignore comment et pourquoi cela aura lieu. L’oracle finit par s’accomplir puisqu’Oedipe, dans la légende, tue son père et épouse sa mère. Le suspense étant alors de savoir quand, comment et pourquoi… chose très humaine qui fait de nos jours la gloire de « l’inspecteur Columbo » -)
Je suppose donc que le rôle des oracles était d’avertir les gens sur ce qui risque de se passer, et ensuite sans doute que c’était aux gens de voir si ils pouvaient/voulaient faire leur possible pour éviter ou non telle ou telle prédiction (je suppose qu’une prédiction, quelle qu’elle soit devait influencer les gens consciemment ou non).
Dans cette idée, il existe un épisode historique célèbre : lors de la première guerre punique, le consul Appius Claudius Pulcher était en route vers une bataille navale imminente qui l’opposerait à la flotte carthaginoise. Les poulets sacrés servant pour les augures du régiment d’Appius Claudius refusaient de sortir de leur cage et de manger. Fou de rage Appius Claudius ordonna donc que ces poulets divinatoires soient jetès à la mer. Mais Appius Claudius ne rebroussa pas chemin pour éviter la bataille (alors qu’il était coutume de rebrousser chemin en l’absence de prévisions favorables venant des augures). Cette noyade forcée des poulets sacrés brisa le moral des soldats superstitieux d’Appius, et ainsi ils perdirent la bataille.
Et de toute manière dans les croyances antiques certaines prières ou offrandes aux dieux pouvaient annuler les effets ou risques de tel ou tel présage…. (A Rome, Averruncus était le dieu spécialisé dans l’annulation des présages défavorables)
Je pense que tout ces éléments évoqués ci-dessus devaient être symbolisés par le pouvoir de prudence que, dans la légende, Saturne donna à Janus.
Je ne sais pas si Janus était toujours le number one des oracles à Rome, mais sa place très importante dans les oracles de Rome me semble difficilement contestable.
Mais il y avait également à Rome la déesse Sors : fille du dieu Saturne et déesse du bon/mauvais sort, assez similaire à Destinée…. Les oracles de Sors se pratiquaient en bonne partie par jet de dés… d’ou l’expression »les dés sont jetés »…
Dans la Rome antique des dieux moins connus comme Averruncus ou Sors avaient-ils, de par leur fonction , un rôle plus important que Janus, mais plus méconnu des historiens et mythologues actuels?
Sources
google (wiki)
"le Dictionnaire de MYthologie de Joel Schmidt
Et Le guide de MYthologie grecque et romaine écrit par Commelin