Bienvenu(e)s sur ce blog dédié aux mythes, contes et légendes classiques mais aussi à la fantasy et à la science-fiction (notamment contes de SF et suites futuristes de légendes, dans mon livre "Les mémoires du Galaxytime").
Autrefois amadouée par Marthe avant de se faire massacrer par des habitants furieux, la légendaire tarasque n’a pas vraiment disparu à jamais. Cette créature avait fait régner la terreur dans la région de Tarascon, mais on a relaté d’autres cas de tarasques ailleurs. L’article que vous lisez ne traitera pas ou peu de ces dernières.
Il existe différentes versions, voici les grandes lignes que l’on retrouve le plus fréquemment au sujet de cette légende : la tarasque terrorisait les gens de Tarascon. Marthe fut la seule à aller vers le monstre sans se montrer agressive. Elle parvint à dompter la bête et devint par la suite Sainte Marthe. Cependant les gens de la région éprouvaient de la peur et du ressentiment vis-à-vis de la tarasque qui avait semé la désolation dans la contrée. Ils se vengèrent en tuant la bête devenue inoffensive.
Et si la créature n’avait pas dit son dernier mot ?
Dans le récit intitulé « La nouvelle tarasque », dans mon livre de 2015 intitulé « Les mémoires du Galaxytime » (disponible ici https://www.amazon.fr/mémoires-Galaxytime-diverses-galaxies-époques-ebook/dp/B00WY71VC8 ), Il est question, au 26ème siècle, d’un scientifique qui cherche à donner vie à une sorte de tarascosaure en utilisant les caractéristiques de l’ancien dinosaure. La magie de l’époque pourrait lui donner des aptitudes terrifiantes. Un monstre de ce type saccage un laboratoire puis fait un carnage dans Tarascon, mais peut-être s’agit-il en fait d’une tarasque devenue adulte et voulant venger son parent entré dans la légende ? Tel est le synopsis de cette « nouvelle tarasque ».
La vieille légende décrivait le thème de la colère et de la vengeance, est-il donc étonnant, de nombreux siècles plus tard, d’assister au retour de la figure du monstre rageux ?
Concernant les tarasques des légendes classiques, certains de leurs aspects culturels voire symboliques (et le dinososaure local du monde réel répertorié sous le nom de tarascosaure), vous pouvez lire ici http://www.benoitreveur.info/article-le-retour-de-la-tarasque-74677122.html ce vieil article de 2011.
La version de la tarasque de Tarascon rapportée par N. Lazzarini dans son livre intitulé « Contes et légendes de Provence » met en avant le thème de la compassion dans la relation entre Marthe et la créature.
Après avoir d’abord parcouru les rues de Tarascon aux côtés de Marthe lors de l’épisode légendaire, la tarasque revient régulièrement dans un cortège festif : de nos jours encore, Chaque année les « fêtes de la tarasque » ont lieu à Tarascon. Depuis des générations les habitants n’ont plus peur de cette bestiole et ne lui jettent plus de pierres. Un défilé avec un char en forme de tarasque fait partie de cette fête traditionnelle. Les humains ont donc fait la paix avec cette créature devenue une mascotte locale. L’édition 2019 des « fêtes de la tarasque » aura lieu du 21 juin 2019 au 24 juin 2019 (toutes les infos sont ici http://www.tarascon.fr/guide-festivites.html ). Ci-dessous en fin d’article vous trouverez un lien vers une vidéo montrant l’édition 2018 des « fêtes de la Tarasque », vous y verrez une grande tarasque à roulettes et des gens qui courent à ses côtés. Il y a le défilé de la tarasque mais aussi les courses de la tarasque. Ces déambulations festives de la créature semblent suivre des procédures codifiées. Les hommes poussant la bestiole à roulettes sont nommés les « tarascaïres ». La tradition les a dotés d’un habit spécifique et selon la coutume ils doivent suivre une sélection et un apprentissage particuliers. Il semble que seules certaines personnes peuvent devenir tarascaires.
Vous trouverez ici un dossier complet sur les coutumes anciennes et récentes liées à ces fêtes.
Au vu de la chronologie présentée dans ce document le programme de ces " fêtes de la tarasque " s’est vraisemblablement modifié au fil des époques. Dans ce lien ci-dessus il est expliqué, entre autres choses, que Tartarin semble avoir fait son apparition dans ces festivités au sortir de la seconde guerre mondiale. Il existe des jeux (anciens et récents) liés aux courses de la tarasque ainsi que des chants de la tarasque. Le document ci-dessus décrit des versions contemporaines, reprenant le flambeau des jeux anciens liés à ces festivités. La " virevolte " constitue ainsi l’une de ces activités ludiques. Le principe de la course semble reposer sur un jeu mené par les tarasquaires : pousser la bestiole de manière à faire croire qu’ils ont perdu le contrôle du véhicule, afin de donner l’impression aux spectateurs que la bête risque de les heurter. Cela nécessite beaucoup de maîtrise de la part de ces tarasquaires. Il y est également écrit que le jour du Téléthon les enfants sont invités à pousser la créature à roulettes.
La création de ces festivités est attribuée au roi René d’Anjou au 15ème siècle. Le roy René aurait créé les « jeux de la tarasque ». Auparavant un récit concernant cette créature avait été relaté au 13ème siècle par le texte de Jacques de Voragine (dans « La légende dorée »). Ce dernier et celui de Vincent de Beauvais semblent inspirés du Pseudo Marcellus qui conta la vie de Sainte Marthe.
Une description d’anciens jeux de courses de la tarasque est donnée dans l’édition de juin 1846 de la « Revue Britannique » (1 :références en fin d’article). Il y est expliqué que les courses étaient précédées du chant suivant : « lagadigadeau la tarasque ! la tarasque ! lagadigadeau la tarasque le château ! »
Puis un combustible était mis dans les naseaux de la bestiole ainsi fumante, accompagnée des chevaliers de la tarasque et animée par des hommes qui la faisaient tournoyer et courir, les gens situés dans le périmètre devaient alors esquiver le monstre qui fonçait sur eux (et il leur fallait aussi éviter de ne pas se faire faucher par une poutre mobile représentant la queue de la tarasque). Ensuite une deuxième course se déroulait avant la plantation de la vigne. Après des festivités ludiques des vignerons puis une scène de Saint Christophe, une troisième et dernière course de la tarasque avait lieu. Ce passage nous apprend que ces courses étaient liées aux corps de métiers. L’ouvrage mentionne aussi le jeu nautique de l’esturgeon. Une note en bas de la page 800 de ce document (dans cet article sur les festivités à Tarascon) écrit ceci : « L’esturgeon n’est autre chose qu’un grand bateau plein d’eau, porté sur une charrette. Des marins placés dans le bateau et ayant de l’eau à mi-jambe, arrosent avec des égouttoirs les personnes qu’ils peuvent atteindre. ». Page 801 de ce document il est ensuite expliqué que le cortège musical exprimait la devise « concordia felix » semblant liée à celui souvent nommé « le bon roy René ». Cette « félicité dans la concorde » semblait donc provenir de l’allégresse de ces festivités tarasconnnaises. Cette même page explique qu’en 1795 les fêtes de la tarasque avaient été déplacées dans la ville voisine de Beaucaire.
Par ailleurs Frédéric Mistral (traduit en français moderne par Berthier) avait écrit en provençal traditionnel dans les années 1860 au sujet des jeux et fêtes de la tarasque. (in « Armana Prouvençau », circa 1861-1862).
Vous pouvez lire Ici http://provence-historique.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/PH-1953-03-011_07.pdf un document ancien intitulé « les fêtes de la tarasque à Tarascon, sous Napoléon et la restauration » ( avec un passage tiré de J. Desanat).
Une récente statue de la tarasque se trouve depuis le milieu des années 2000 au pied du château du Roy René à Tarascon.
On sait aussi que cette créature est présente dans la fantasy (notamment dans « Donjons et Dragons »).
En 2017 Christian Lacroix avait rendu hommage à la tarasque, voici https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/christian-lacroix-cree-une-fresque-inspiree-du-moyen-age-au-chateau-de-tarascon_3365293.html un article concernant une exposition sur le sujet
Il y aurait plein d’autres choses à dire sur la culture tarasconnaise de la tarasque, mais voilà pour le moment.
Je remercie les lectrices et lecteurs pour leur clémence concernant le petit passage d'autopromotion littéraire présent dans cet article.
Article écrit par Benoit Rêveur, 2019
1 : pages 799 et 800 in « Revue Britannique, ou choix d’articles traduits des méilleurs articles », tome premier, juin 1846 (ouvrage par Arago, Avenel, Bernard de Rennes, Berton, Broghers, etc, sous la direction d’Amédée Pichot). https://books.google.fr/books?id=mhVbAAAAQAAJ&pg=PP7&lpg=PP7&dq=revue+britannique+tome+premier+1846&source=bl&ots=bJsvT3t6T-&sig=ACfU3U2ccc7bdkBxNNbjo_wIc9q5_t7TuA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjX9Nimkv3hAhUNFRQKHaDfA4oQ6AEwA3oECAkQAQ#v=onepage&q=revue%20britannique%20tome%20premier%201846&f=false
https://www.youtube.com/watch?v=ggWEwcckzpY