Bienvenu(e)s sur ce blog dédié aux mythes, contes et légendes classiques mais aussi à la fantasy et à la science-fiction (notamment contes de SF et suites futuristes de légendes, dans mon livre "Les mémoires du Galaxytime").
A l’aube de l’an 3000, le capitaine Albator lutte contre un gouvernement interplanétaire tyrannique nommé Gaia.
Ce film réalisé par Shinji Arimaki fera t-il date ?
Les graphismes et les effets spéciaux de ce dvd du film »Albator corsaire de l’espace » (2013) sont d’une efficience remarquable avec une savante touche d’esprit « wabi sabi ». Le scénario exploite intelligemment les « constantes » de cette série culte, tout en les revisitant.
On croit remarquer ça et là des inspirations d’anciens épisodes d’ « Albator 84 » (les personnages, notamment le remake de « Mr Zon », certains éléments scénaristiques, etc),. On peut soupçonner parfois une volonté de remettre au goût du jour certains éléments du superbe épisode intitulé « la plume et l’épée », qui reste probablement un des meilleurs d’ « Albator 84 ».
Le dvd de ce film nous présente un Albator n’ayant pas oublié de dénoncer les dangers de l’obscurantisme. Les personnages subissent une exploration en profondeur, avec le non manichéisme auquel Albator nous avait toujours habitués. Le film propose une intéressante réflexion sur l’illusion et le désir/ego : grand thème cher aux écrits du duelliste philosophe Miyamoto Musashi (ce bretteur rebelle du 17ème siècle, auteur du « traité des 5 roues » et du « dokkodo », a inspiré la création du personnage d’Albator, cf http://www.benoitreveur.info/article-harlock-albator-corsaire-de-l-espace-121522072.html ).
Le concept japonais de makoto (sincérité) et la platonicienne allégorie de la caverne se rejoignent dans l’habile verbe du capitaine Albator. Maîtrisant vraisemblablement les idées du « dokkodo » et du « traité des 5 roues » , Albator agit donc avec conviction assumée dans ses choix et n’aime pas trop l’argent, tenant la liberté en bien plus haute estime. Le film n’oublie pas de fouiller le passé de chacun des personnages, afin d’expliquer leurs choix, visions et motivations actuels. La frontière entre Albator et « l’ersatz de MR Zon » s’avère parfois mince. L’intrigue secondaire aborde en profondeur les affects des divers protagonistes. Le « bien « et le « mal » existent chez chacun des personnages. Le film prend soin d’évoquer plus ou moins le passé d’Herlock, officier dans l’armée de Gaia, jusqu’au jour où il ne put cautionner les agissements du gouvernement Gaia. Il devint alors le capitaine Albator, corsaire de l’espace. La Terre et la liberté restent les deux principaux nerfs de la guerre opposant Albator à ses ennemis Les divers éléments de background, typiques de l’univers d’Albator ne sont pas en reste. Le film n’omet pas de faire passer des messages concernant la fragilité et éternité de la nature, l’éternel retour entre vie et mort, l’intemporalité des choses, le rôle du temps dans la loi de causalité, etc …On se croirait donc dans un superbe haiku teinté de bouddhisme japonais. Arimaki nous offre une stupéfiante version modernisée et revisitée de cette série culte.
Le capitaine Albator, véritable Musashi du futur, continue donc de cheminer sur la Voie qu’il a choisie. Je souhaite au capitaine corsaire de nous surprendre encore à l’avenir.
Toutefois il me faut trouver au moins quelques bémols à ce film. On pourra noter la petite baisse de rythme lors de la deuxième demi heure. On peut également regretter le fait que le riche potentiel du personnage d’Alfred/Toshiro fut peu exploité, presque relégué au second plan.
Albator demeure visiblement une valeur sûre… à travers les époques et les générations, pour petits et grands, à voir et à revoir …
Par Bunowa Rêveur , le 20 mai 2014