Bienvenu(e)s sur ce blog dédié aux mythes, contes et légendes classiques mais aussi à la fantasy et à la science-fiction (notamment contes de SF et suites futuristes de légendes, dans mon livre "Les mémoires du Galaxytime").
Parmi les légendes du pays d’Andaine (Normandie) on trouve notamment trois fées : Andaine, Gisèle et la Gione (parfois « Gionne »).
Le repaire de cette dernière porte le nom de « Lit de la Gione » : ce dolmen se trouve en bordure de la forêt d’Andaine. Si vous quittez Bagnoles-de-l’Orne et prenez la route en direction de Juvigny-sous-Andaine, dans la forêt sur votre droite vous trouverez un parking (presque en face d’un manoir-hôtel) donnant sur une petite clairière et une voie pédestre qui est perpendiculaire à la route principale. Ce chemin de randonnée continue après ce petit parking. Dans ce sentier en vous éloignant de la route goudronnée vous trouverez sur votre gauche des champs et des prés en contrebas et sur votre droite un pré avec des vaches. En continuant toujours tout droit vous verrez la forêt un peu plus loin. Si vous continuez de marcher sur ce chemin de bordure forestière, une dizaine de minutes après avoir quitté le petit parking, vous verrez sur votre droite un dolmen et un panneau explicatif : c’est le « lit de la Gione ». Voici la localisation exacte https://www.google.fr/maps/place/Le+Lit+de+la+Gione,+61140+Juvigny-Sous-Andaine/@48.565411,-0.463532,15z/data=!4m5!3m4!1s0x0:0x33c1adfab4b0b289!8m2!3d48.565411!4d-0.463532
La grande pancarte située au pied du dolmen nous explique qu’il serait déconseillé de se promener la nuit à proximité du lit de la Gione. En effet, selon la légende relatée sur ce panneau, le seigneur de Bonvouloir aurait, le soir de ses noces, été ensorcelé par la fée Gione qui l'emmena à une cérémonie de sabbat des sorcières ; le lendemain matin il aurait été retrouvé inanimé sur « le lit de la Gione » (après avoir sans doute pratiqué des danses endiablées pendant toute la nuit).
Eloise Mozzani dans son ouvrage intitulé « Légendes et mystères des régions de France « (2014, collection bouquins, ed.Robert Laffont) écrit ceci : « Selon une tradition romanesque, le fils du seigneur de Loyauté (dont le château était en forêt des Andaines), recevait, des nuits entières, la Gione dans sa chambre. Au lendemain de ses fiançailles avec la fille du seigneur voisin de Bonvouloir, il disparut et on ne le revit jamais. Il fut enlevé, dit-on, par la Gione qui le conduisit au sabbat où il mourut d’épuisement d’avoir trop dansé. La fée l’enterra sous sa grotte (le dolmen). La légende ajoute que les jeunes filles à marier ne doivent, sous aucun prétexte, emprunter le chemin du lit de la Gione (COLN, 172). » (COLN : COLIN (Édouard), Légendes de Basse-Normandie, inventaire communal, Condé-sur-Noireau, Charles Corlet Éditions, 1992.)
La Tour de Bonvouloir, autre site touristique, se trouve sur le territoire de Juvigny-sous-Andaine, en bordure de forêt d’Andaine.
Sur ce lien http://www.bagnolesdelorne.com/voir-faire/sites-de-visite/838529-dolmen-le-lit-de-la-gione qui situe le dolmen à 5 km de Bagnoles de L’Orne, il est expliqué que la fée avait construit son habitation elle-même en portant les pierres dans son tablier. Les paysans la craignaient et elle convoitait leur nourriture ; ils sont parvenus à la faire partir en utilisant la galetière chauffée. (C’est expliqué de manière plus détaillée dans le lien ci-dessus).
On peut lire ce récit légendaire ici http://r.gallier.free.fr/communes/juvigny%20gione.htm on y apprend aussi que le terme « Gione » vient des « gions ou ajoncs » de la forêt que la fée utilisait dans le but d’alimenter son feu. Selon ce même texte cette fée rendait parfois des services aux habitants mais elle pouvait devenir maligne si on ne la respectait pas.
Ce texte http://www.juvignyvaldandaine.fr/fr/information/108330/le-dolmen-lit-gione nous apprend que les gens d’autrefois croyaient qu’un trésor se trouvait sous ce dolmen.
Dans l’article intitulé « Les pierres de Saint Ortaire » (par C. Boulanger, in « Bulletin de la Société préhistorique française », 1917) il est écrit que la Gione était la mauvaise fée de la forêt et que la fée Andaine était bienveillante. On peut ensuite y lire ceci : « Ce nom de Gione parait venir de Gions, mot du patois normand qui désigne l’ajonc marin, très commun dans la contrée ».
Dans « Bois et forêts de Normandie » (Circa 1985, éd.Corlet) Jean-Marie Foubert explique que l’abondance locale des gions/ajoncs gênait la marche des porteurs de fagots et des promeneurs. Il écrit ensuite que la fée Gione personnifie donc ce désagrément forestier. Plus loin dans cet ouvrage on peut lire ceci : « La tradition veut que l’inconfort de ce lit ait contraint la Gionne à quitter sa chambre et à gagner Bagnoles ».
Dans « Le département de l’Orne archéologique et pittoresque » (Léon de la Sicotière, 1845) le nom « iter Agion » est mentionné après celui de « lit de la Gione » ainsi qu’une autre dénomination : « chemin de la grâce ». Ce document explique également que la croyance d’un supposé trésor sous le dolmen expliquerait les trous ayant entrainé la chute de certains des supports de ce site mégalithique.
De nos jours le « lit de la Gione » est bien connu des randonneurs puisqu’il se trouve au bord du GR22.
Article écrit par Benoit Rêveur, été 2019
Les prises de vues mises ci-dessous, montrant ce « lit de la Gione », font partie de ma collection personnelle.
Le lit de la fée Gione vu sous un autre angle; en arrière plan on voit le sentier dont il est question dans cet article